MraizikaUne flambée d’écrits, de déclarations et de postures personnelles et partisanes, teintées d’opportunisme et de nombrilisme aigus, est venue, ces derniers jours, réveiller les vieux démons de la division et pousser le débat sur les affaires des Marocains Résidant à l’Etranger dans des impasses.

Cette flambée, à laquelle l’incident du 10 août sert de catalyseur, a pour effet de dresser un écran de fumée si épais qu’il devient difficile de distinguer entre ceux qui, de bonne foi, œuvrent pour que la légalité triomphe et pour que les acquis constitutionnels des MRE deviennent effectifs, et ceux qui jouent des partitions tronquées qui sèment le trouble dans les rangs des MRE et hypothèquent leur relation avec la mère-patrie.

Parler en la circonstance de « poussée de schizophrénie », pourrait conduire à penser que l’épidémie est générale et qu’il faille sonner le tocsin pour préserver le gros des troupes. C’est loin d’être le cas. Les MRE dans leur grande majorité sont innocents de ce qui se dit et s’écrit en leur nom. Ils ne cautionnent ni n’admettent ce qui se trame dans les coulisses au sujet des droits que la Constitution de 2011 leur a clairement reconnus. Les comptes d’apothicaires (4, 20, 60 députés) auxquels se livrent certaines écuries partisanes ne les passionnent pas.

C’est un fait. Beaucoup d’entre eux se sentent trahis et dénigrés. Leur colère et leur indignation sont bien perceptibles. Et il ne reste aujourd’hui aux MRE, faute d’une écoute et d’une volonté politique sincères, que de recourir à l’autorité suprême du pays pour signifier leurs doléances et demander réparation.

Qu’on le dise haut et fort. La communauté MRE se trouve aujourd’hui dans une situation paradoxale. Elle dispose de capacités et de potentialités indéniables, mais elles sont freinées. Elle ambitionne de jouer des rôles de premier plan dans des domaines clefs de la vie économique et sociale nationale, mais elle voit ses initiatives contrariées. Ses différentes générations revendiquent de vraies politiques publiques, culturelles et sociales, mais ne voient venir en guise de réponses que des « plans », des « projets » et des promesses.

Il est donc temps de « prendre le taureau par les cornes » et de rendre à César ce qui lui revient de droit. Bien entendu. Tout est affaire de volonté. Les Écuries d’Augias ont été certes nettoyées, mais par une force herculéenne. Autrement dit, les MRE doivent se surpasser pour faire le ménage à fond dans leurs rangs et de l’ordre dans leurs actions et modes d’expression. Mais, pour se débarrasser des désagréments et des « parasites » qui entravent leur marche vers une nouvelle étape de leur histoire, ils ne peuvent aujourd’hui faire l’économie d’un débat national, serein et public, placé sous le Haut patronage de SM le Roi (Que Dieu l’assiste). C’est ainsi qu’ils pourront faire sauter les verrous (représentation parlementaire), dissiper les malentendus et faire sortir leurs causes de cette ère de suspicion, de blocage et de reniement qui rend tout débat impossible et toute initiative suspecte. Ainsi soit-il.

Mohammed MRAIZIKA (Chercheur en Sciences Sociales-Paris)

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