C’est le titre du quatorzième ouvrage de l’écrivain marocain Moha Souag, sorti aux Editions du Sirocco.
Ce roman retrace l’histoire d’un journaliste qui prend le train pour Marrakech afin d’interviewer une chanteuse ou plutôt une « Chaikha » en fin de carrière. Dans ce train, e journaliste va rencontrer Mouna une jeune chorégraphe qui vient de rentrer d’Europe.
S’ensuit une histoire parallèle entre Mouna et la chanteuse qui se prénomme Fadéla.
Cette dernière passionnée de musique et du chanteur égyptien Abdel el Halim Hafez ; son idole, le vrai homme de sa vie qui hante ses jours et ses nuits.
Tout le roman sonne comme une symphonie de Beethoven, l’écriture de l’auteur est poétique, musicale, et le récit est fluide et bien construit. D’aucuns diront que l’histoire de Fadéla est triste, et c’est normal. Car on ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments, et les gens heureux n’ont pas d’histoire.
L’auteur aime les femmes et s’intéresse à leurs conditions. D’ailleurs, dans tous ses romans, Moha Souag dénonce l’injustice faite aux femmes dans cette société marocaine dominée par le mâle. Son roman « La femme du soldat » est un hymne à la femme, où l’auteur salue le courage de la femme marocaine qui essaie par tous les moyens de trouver sa place et sa dignité dans cette société qui la spolie de tous ses droits.
Mouna représente la femme fantasmée de l’auteur ; son idéal féminin, mais il est à l’automne de sa vie. Il est conscient de sa vieillesse, et sait qu’il a peu de chance pour séduire la belle Mouna. Il écrit page 16 : « Quand je rencontrai Mouna, je n’avais plus aucune prétention en général et encore moins celle de séduire. J’étais conscient d’avoir atteint l’automne de ma vie. » Et plus loin, il écrit : « J’allais devenir nu comme un figuier en hiver ; insulte suprême du temps. Le figuier se régénérerait, moi pas. » Et à travers les pages, il retrace sous forme de Flash back l’histoire de Fadéla et son parcours. L’auteur écrit page 8 : « Je repris la lecture de mes notes pour vérifier quelques détails que la rédaction avait refusé d’insérer dans mon article de peur de provoquer les réactions incontrôlées de certains milieux hostiles aux changements du code du statut social de la femme marocaine en particulier, et de la femme en général ; être que ces mâles considéraient tout juste comme un mâle nécessaire. »
Il y a un proverbe indien qui dit : « Engendrer une fille, c’est comme arroser le jardin du voisin. » Fadéla a souffert de la main-mise de ses parents qui l’ont privé de son rêve de devenir chanteuse et l’ont marié à un homme qu’elle n’aime pas.
« Nos plus beaux jours » est un roman que je recommande à tous les lecteurs de « Maghreb Canada Express ». J’ai rencontré l’auteur le mois de septembre dernier à l’occasion de la cinquième édition du prix littéraire de La Mamounia de Marrakech, et ce roman était parmi les huit romans sélectionnés pour le prix. Malheureusement, la presse marocaine a ignoré ce roman magnifique que j’ai aimé, et j’espère que cet article le sortira de l’oubli et le fasse connaître ne serait-ce qu’au Canada.
Moha Souag est né en 1949 à Boudenib, il est professeur de français au Sud-est du Maroc. Il a collaboré avec les revues « Lamalif », « Les écrits du Québec », et « Souka Sénégal ». Il a aussi publié plusieurs romans et recueils de nouvelles. Et a reçu le prix de la meilleure nouvelle de langue française de RFI en 1989 parue dans le recueil collectif « Mort d’un seigneur » chez Seghers, ainsi que le prix de l’image du festival du cinéma de Tétouan en 1986 pour le documentaire « La fête du Mouloud à Meknès.
Moha Souag est retraité, et j’espère qu’il nous enchantera encore avec d’autres romans et d’autres recueils de poésie.
Par Mustapha Bouhaddar, Volume XII, N°11, page 19, Novembre 2014,Maghreb Canada Express.

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