drouinLe père du Code d’Hérouville vient de s’éteindre ce dimanche, 2 avril 2017. Tout en présentant nos condoléances les plus attristées à la famille du défunt, et notamment à sa conjointe Mme Luce Rivard, nous nous permettons de reproduire, à sa mémoire, l’article suivant que nous avions publié dans Maghreb Canada Express (page 4,Vol. VI , N°9, Septembre 2008) suite à une visite que nous lui avions rendu en pleine controverse autour de son fameux code .

(Photo : De gauche à droite : Bernard Thompson, André Drouin et Abderrahman El Fouladi)

J’ai serré la main de Drouin

Et le Monsieur n’a rien de diabolique. Il fût plutôt un hôte sympathique qui a su honorer ses invités et les accommoder plus que raisonnablement jusqu’au bout… Et ce, au delà de toute attente!

S ’il  n’  y  a  avait  tout  ce  fiel  qui  a  été  déversé  autour  du  code  de  vie  d’Hérouxville,  on  aurait  pensé  à  une  bande  de  copains  se rencontrant par un bel après midi du mois d’août, en train de manger,  de  boire  et  de  se  raconter   les   dernières   blagues  qui les font tant éclater de rire.

Et  se  fut  cette  ambiance  qui  a  dominé  tout  au  long  de  la  réception  dont  nous  ont  honoré  M.  André  Drouin,  sa  conjointe  Mme  Luce  Rivard  et  son  ami Bernard Thompson.

Je  fus  surpris  d’apprendre  que  M.  Drouin  fut  un  officier  qui  avait  longtemps  servi  au  bord  d’un sous-marin… Ce qui expliquerait    peut-être    son    souci   pour la sécurité de l’État.

Quant à Bernard, il nous avoua qu’il  a  longtemps  séjourné  en  Arabie  saoudite  en  tant  qu’employé de Bell. Là également on pourrait  comprendre  l’idée  qu’il  se  fait  des  musulmans  et  de  l’islam.

Tout  au  long  de  l’après  midi,  nous  avons  abordé  moult  sujets dont le risque de ghettoïsa-

tion à l’instar de ce qui se vit en France,  le  silence  des  musulmans  dits  modérés face  aux  discours   extrémistes,   le   chômage  élevé  au  sein  de  la  communauté  maghrébine,  le  profilage dont souffre les québécois de   confession      musulmane,   etc.

Concernant  le  risque  de  ghettoïsation,  nous  avons  mis  en  exergue  le  fait  que  l’immigration  au  Canada  est  sélectionnée tandis que celle en France, par   exemple,   fut   anarchique   avec  au  bout,  un  mythe  de  retour. D’où la formation de ghettos  qui  ont  conduit  aux  événements   malheureux   des   banlieues de ce pays.

Ceux  qui  immigrent  au  Canada,  y  viennent  avec  l’intention  de  donner  à  leurs  enfants  un  nouveau   départ,   un   nouveau   pays. Et même si des attaches restent   solides   avec   le   pays  d’origine  pour  la  première  génération,  le  Canada  peut  en  tirer   tout   un   profit,   dans   un   monde qui se globalise.

Dans cette nouvelle dynamique mondiale,  quoi  de  mieux  que  ces  ambassadeurs  sans  solde,  qui   sont   les   néo-canadiens,   pour exporter les valeurs canadiennes  partout  à  travers  notre planète ?

Quant  au  silence  des  musulmans  dits  modérés  (l’extrême majorité),  nous avons expliqué à  nos  hôtes    qu’en  islam,  il  n’existe   pas   d’église   et   que   lorsque   quelqu’un   prône   un discours  contraire  aux  recommandations  du  Coran  (respect  de  la  vie,  cohabitation  des  religions,  modération…),  il  ne  le  fait qu’en son nom.

Nous  avons  rappelé  à  nos  hôtes  que  le  Coran  souligne  textuellement : «Tu ne peux ramener  au  droit  chemin  ceux  que  tu  aimes,  mais  c’est  Dieu  qui  en décide».

NÉCESSITÉ D’UN CONSENSUS

Laissons  donc  Dieu  décider  et  faisons   triompher   les   valeurs   humaines ainsi que la loi, là où les  valeurs  religieuses  ne  font  pas consensus.

En parlant de consensus, il est temps  que  les  adultes  en  trouvent  un  ,  et  ce,  pour  préserver  l’harmonie  qui  existe  entre  nos  enfants,   cette   relève   qui   va   faire du Québec, un pays prospère   rayonnant   au   delà   des   frontières    canadiennes.    Nos   enfants  vont  dans  les  mêmes  écoles que le reste des enfants québécois. Il n’y a point d’école ghetto  ici.  N’en  fabriquons  pas  avec nos divergences d’adultes car  nos  enfants  n’ont  d’amis  que   des   québécois   comme   eux.  Ils  jouent  ensemble.  Ils  vivent dans leur monde de rêve ensemble !

PARIER SUR NOS ENFANTS

Pour  l’amour  des  ces  enfants,  mettons   nos   divergences   de   côté; divergences qui sont pour la  plupart  basés  sur  des  préjugés  et  sur  une  méconnaissance de l’autre.

Nos  hôtes  nous  ont  rassuré: Pour eux, sont québécois ceux qui vivent au Québec et ils dénoncent  avec  énergie  le  discours  politique  du  Nous et  du  Eux.

Quant au chômage de 28% qui est supposé frapper notre communauté,  nous  avons  souligné  son  caractère  conjoncturel  et  nous  avons  émis  le  souhait  de  voir  des  statistiques  quant  à  la  valeur  ajoutée  qu’apporte  les  72%   de   travailleurs   maghrbins  à  l’économie  du  Canada en  général,  et  à  celle  du  Québec  en particulier.

Notre  groupe  est  arrivé  à  Hérouxville  vers  14h30  pour  une  visite  d’une  heure.  Mais  nous  n’avions  quitté  nos  hôtes  que  vers  21h,  après  avoir  terminé  les deux pizzas… Au poulet s’il vous  plaît !  Et  André  de  commenter  à  la  blague:   »Après  ça,  vous  n’allez  plus  raconter  que Drouin  ne  fait  pas  dans  l’accommodement raisonnable » !

Plus  tard,  et  répondant  à  l’un  des  mes  courriels,  il  me  confia  textuellement  :  Je  dois  admettre  que  de  la  pizza  sans  porc  se digère mieux  !

Les    différends    aussi,    M.   Drouin!   Pour   si   peu   qu’on   prenne  le  temps  d’engager  un  dialogue serein et sincère.

Par Abderrahman El Fouladi.

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