Une délégation du Fonds Monétaire International( FMI)  a effectué une mission au Maroc, du 25 octobre au 7 novembre 2017 dans le cadre des consultations avec les autorités marocaines au titre de l’article IV du FMI et de la 3ème revue de la Ligne de Précaution et de Liquidité ( LPL). A ce sujet, il convient de rappeler que  le conseil d’administration du FMI a  approuvé, en juillet 2016,  un accord de deux ans au titre de la « LPL » portant sur un montant global de 3,5 milliards de dollars,  ce qui représente 280% de la quotepart du Maroc.

A cette occasion, la délégation du FMI, conduite par M. Nicolas Blancher  a tenu plusieurs séances de travail avec les hauts responsables gouvernementaux concernés dont notamment le chef du gouvernement, M Saad-Eddine El Otmani,  ainsi qu’avec des représentants des opérateurs économiques privés.

A l’issue de cette mission de travail, M Blancher a fait une déclaration dans laquelle il a indiqué qu’au cours des dernières années, l’économie marocaine a tiré  profit des impacts positifs  des politiques économiques prudentes et des réformes structurelles, engagées par le Maroc. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire pour promouvoir une croissance économique plus élevée, durable et inclusive, a-t-il tenu à préciser.

Selon M. Blancher,  le taux de chômage  au Maroc serait de  l’ordre de 10%. Les  jeunes  constituent la catégorie qui en souffre le plus. Le président de la délégation du FMI estime qu’il est essentiel que le Maroc prenne les décisions qui s’imposent afin d’améliorer la qualité de l’éducation, le fonctionnement du marché  de travail, le taux d’activité des femmes et l’environnement du climat d’affaires.

Selon les prévisions du FMI, la croissance économique pourrait atteindre 4,4% en 2017 grâce notamment aux bonnes performances réalisées par le secteur agricole. Après une forte croissance en 2016, le déficit des transactions extérieures  courantes devrait chuter à 3,9% du PIB en 2017, à la faveur de l’augmentation des exportations. Les réserves de change vont rester à un niveau satisfaisant équivalent à 6 mois d’importation. La météo économique prévoit le ralentissement de la croissance  en 2018 par rapport à 2017 à cause du retour à la normale de l’activité économique après une bonne année 2017. A partir de 2019, le taux  de croissance économique au Maroc pourrait  atteindre 4,5%, en moyenne et à moyen terme. Pour pouvoir  atteindre cet objectif et  réaliser une forte croissance économique  inclusive, le gouvernement marocain doit honorer les engagements pris à l’égard des bailleurs de fonds, et notamment  le FMI, visant l’accélération du rythme de mise en œuvre  du processus de libéralisation de l’économie marocaine. En d’autres termes,  cette performance reste tributaire de l’état d’avancement des chantiers des réformes structurelles dans les domaines budgétaire, financier et autres , que le Maroc s’est engagé à amorcer, le plus tôt possible. Outre ces facteurs internes, l’évolution future  de l’économie marocaine dépendra aussi de plusieurs facteurs exogènes dont notamment, la conjoncture dans les pays avancés et émergents (principaux partenaires économiques et commerciaux du Maroc)  et les tensions géopolitiques dans le monde.

Dans ses conclusions préliminaires présentées lors d’un point de presse organisé à l’issue de sa mission au Maroc, M.Blancher a précisé  que le gouvernement marocain compte ramener le déficit budgétaire de 3,5%, enregistré en 2017,  à 3% en 2018, grâce à des  mesures visant l’augmentation  des recettes et la réduction des dépenses . A cet égard, il convient de souligner  que le projet de la Loi des Finances au titre de l’année 2018 table sur un déficit budgétaire de 3%  et prévoit un taux de croissance de 3,2% . De ce fait, le déficit budgétaire  sera ramené à un niveau raisonnable  qui répond aux exigences  du FMI. Ainsi, de 7,2% du PIB en 2012, le déficit budgétaire à été ramené à 4,1%  en 2016  pour s’établir à 3% en 2018.  A partir de 2018, le gouvernement marocain œuvrera pour que la dépense publique soit  ramenée  à 60% du PIB d‘ici 2021.Il faut préciser que ce taux  serait de l’ordre  de 64,3%  du PIB,  en 2017.

Par ailleurs, le FMI soutient l’intention du Maroc d’assouplir, d’une façon progressive et graduelle, le régime  de change  et ce, pour permettre à l’économie marocaine d’être en mesure d’absorber  les  chocs extérieurs, qui risquent de se produire à tout moment, et d’améliorer sa compétitivité. Le FMI  exhorte le Maroc à engager ce processus, le plus rapidement possible et  sans tarder car Il  estime que l’économie marocaine passe actuellement par  une  conjoncture favorable et propice à une transition rapide vers un taux de change plus souple.

A ce sujet, il y a lieu de souligner que la réflexion sur  la réforme du régime  de change en vigueur au Maroc a duré presque 10 ans puisqu’elle a été lancée en 2007. Le passage progressif à un régime de change flexible, à partir du second semestre de l’année  2017, devrait être annoncé lors  d’un point de presse  que devaient  animer  le Wali de Bank Al-Maghrib ( Banque Centrale) et le Ministre de l’Économie et  des Finances. Programmé pour le 29 juin 2017, ce point de presse conjoint  a été annulé à la dernière minute, au grand dam de Bank Al-Maghrib. Par conséquent, la réforme du régime de change a été  suspendue.

Il importe  aussi de savoir que la réforme du régime de change qui devrait être lancée le 1er juillet 2017 ne vise  pas le  passage immédiat à un flottement total du Dirham. Le  taux entièrement flexible ne serait  adopté qu’à partir  de l’année 2033. Une phase transitoire de 15 ans ( 1er  juillet 2017- fin 2032) devrait faire mûrir les conditions requises pour  le passage à un tel régime . Au cours de cette phase de transition, le Maroc  adoptera un régime caractérisé par une flexibilité limitée.

Enfin, il  faut préciser que la réforme du régime de change permettra au Maroc de passer d’un régime de change fixe et administré  dominé par les autorités monétaires  qui déterminent la parité et fixent le cours de change(avec une marge de fluctuation de 0,3% ), à un régime flexible où le cours de change,  c’est-à-dire la valeur du Dirham,  dépendra du libre jeu de l’offre et de la demande à l’instar de toutes les marchandises mises en vente, à un moment donné.

Par A. Saber, Maghreb Canada Express, page 14, Vol. XV, N° 12, DÉCEMBRE 2017

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