L’édito de ce mois d’avril devrait être en principe consacré à ceux qui ont ‘’tourné leur veste’’ et à celles qui ont ‘’tourné leur Hijab’’ pour ouvrir un nouveau front sur l’égalité homme-femme en matière d’héritage au Maroc; croyant (sans doute) que la force des pétitions viendrait à bout des sourates du Coran .

Nous y reviendrons, Ce n’est que partie remise.

Ce mois-ci nous commençons par le plaidoyer de culpabilité de M. Alexandre Bissonnette, pour le massacre qu’il avait perpétré en janvier 2017 dans la mosquée de Québec.

Alex (pour les intimes, et même pour les victimes; tellement son nom peine à sortir en entier de leurs gorges encore étranglées par la peine et l’émotion) ; Alex ne veut pas avoir plus de 25 ans comme punition pour les 6 victimes qu’ils avait abattues, et ce, abstraction faite des dizaines d’autres victimes (blessés, veuves et orphelins) ; victimes vivantes, mais condamnées à vie.

Et les avocats d’Alex de renchérir que le condamner à plus de 25 ans, serait comme le condamner à mort de son vivant et enterrer toute chance de le voir se réhabiliter un jour !

Polémique mise à part, quel message veut-on transmettre aux survivants et aux criminels potentiels suite à cet acte de terreur qui ne veut pas dire son nom de ‘’terroriste’’ ? Que si on abat la première victime, il ne faut pas arrêter car, de toute façon la facture sera la même ?  Qu’une vengeance potentielle, murement préméditée, ne coûtera pas plus que 25 ans dans le frais et aux frais du contribuable ?

Mais autant en importe la compassion !

Alex est aussi coupable qu’il est victime; Victime d’une force occulte qui a su planter au fin fond de son subconscient le fait que son ennemi mortel est le Musulman. Et dans sa folie meurtrière Alex n’a tué ni le chien du voisin ni le chat domestique, ni son père, ni sa mère: Sa rage fut canalisée et sa folie téléguidée vers une mosquée … Nulle part ailleurs. Et c’est avec inquiétude que se pose la question : Combien d’Alex pourraient sévir, dans l’avenir, sous l’impulsion de cette force occulte toujours en liberté et qu’il faut à tout prix arrêter !

Et Hamlet de se joindre à Saint-Exupéry outre-tombe pour lui crier : ‘’Réveilles-toi ! Ils sont tous devenus fous ! Et il y a quelque chose qui est en train de pourrir sur ta Terre des Hommes : Le vivre-ensemble !

Théorie du complot ou complot tout court ?

Mais qui est cette force ou quels en sont les instruments ? Le ‘’média-poubelle’’ ? Le ‘’journaliste  assoiffé de sensations’’ ? La ‘’droite extrémiste suprématiste’’ Le ‘’nationaliste ethnique’’ ? La ‘’cellule maçonnique’’ ..? Quand il y a le feu, on ne perd pas son temps à chercher le pyromane. On éteint l’incendie, on érige ensuite des pare-feux non de vulgaires barrières et puis… On verra !

Pour le moment, il faut éviter de traiter cette question sous un angle qui fera hocher la tête aux citoyens et citoyennes quand traversera leur esprit, l’image subliminale de la théorie du complot pour les inciter à punir la vérité d’être si éclatante…

Et la dure vérité c’est que le meurtre d’un musulman parait hélas moins inhumain, émeut moins, ou pas du tout, bon nombre de non-musulmans ! Depuis le début du siècle, la perception , y compris ici au Canada a changé au point qu’islam est devenu synonyme de terreur et musulman synonyme d’ennemi public numéro 1 . Et c’est ainsi que, dans un autre continent, l’armée birmane  a pu se livrer à un nettoyage ethnique contre la minorité musulmane Rohingya dans l’indifférence totale. Des mois durant, des images atroces ont circulé sur les réseaux sociaux. Les commentaires les moins méchants qu’elles ont suscités : C’est du Photoshop .

Or maintenant que l’entreprise funeste touche à sa fin, que les birmans ont accompli leur forfait et que plus de 671000 Rohingya s’entassent dans des camps de réfugies de fortune, dans l’un des pays les plus pauvres du monde (le Bangladesh), l’ONU commence à parler de génocide et … propose l’envoi d’aide humanitaire; Ce qui ne va pas sans rappeler d’autres drames : Celui des musulmans de Bosnie ou celui d’une autre ethnie : les Tutsis du Rwanda. Au moment où se perpétraient les massacres devant les yeux des casques bleus impuissants, l’ONU parle (et énumère) quotidiennement l’aide humanitaire envoyée aux massacrés; Image d’un bétail qu’on nourrit pour le plaisir du boucher ; Boucher qui il est interdit de déranger.

Et c’est (presque) dans la même logique, que personne n’ose reprocher quoi que ce soit à Mme Aung San Suu Kyi présidente de Myanmar et lauréate du Prix Nobel de la Paix, (Probablement catégorie défenseurs poids-lourd, des droits de la personne de salon , et ce, à coup de coupes de champagne et de caviar). Mieux : on lui cherche même des excuses : L’armée est indépendante et qu’il faut préserver les voies diplomatiques.

Mme Aung San Suu Kyi affiche un silence complice . Or Le silence devant un génocide serait un crime de guerre. A quoi sert donc de lui garder un prix Nobel de la Paix ? Alors qu’elle n’est même pas sensée dénoncer l’épuration ethnique en cours sur son propre territoire; dans un pays qu’elle est sensée diriger !

Retirer la citoyenneté canadienne à la Présidente du Myanmar

Combien de compatriotes se sentent-ils encore fiers de partager la citoyenneté canadienne avec la Présidente du Myanmar ? C’est une citoyenneté honorifique certes, mais qui n’honorerait plus le Canada devant l’épuration ethnique ayant eu cours sous les yeux de cette dame !  Il serait peut-être temps que le gouvernement fédéral pense à l’en soulager ; le temps pour elle de retrouver le courage de dénoncer ce que même l’ONU commence maintenant à désigner (timidement) de génocide. Ce serait plus important pour bon nombre parmi nous, que de penser à nous soulager des titres de M., Mme, Papa, maman… sous prétexte que des minorités sont offusquées . Mais y a-t-il une minorité plus minime que l’Individu ? Et en tant qu’individu personnellement je dénonce cette volonté de castration de mes valeurs et je réclame le respect de mes libertés et notamment celle d’appeler mon père Papa (et non mon géniteur) et ma mère, maman et non un vulgaire incubateur !

Par A. El Fouladi, pour Maghreb Canada Express, page 3, Vol. XVI, N° 4, Avril 2018

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