Pour les Français il y a deux « Amériques » : celle de Trump qui symbolise le diable, et celle de Justin Trudeau dont rêve toutes les communautés françaises invisibles, d’origine étrangère, dont je fais partie.

Nous avions tous en grande majorité voté pour Emmanuel Macron qui n’avait qu’un seul point commun avec Justin Trudeau : la jeunesse.

En effet, nous n’avions pas le choix, ou Macron ou le diable : le Front National en personne !

Emmanuel Macron est un opportuniste, un homme qui a été biberonné par la Banque de Rothschild où il a fait une grande carrière avec un salaire indécent. Forcément, quand il a été élu Président, il a constitué ses réformes en faveur des riches.

Il a supprimé l’impôt sur la fortune plus de 6 milliards d’euros de manque dans les caisses de l’Etat. Un manque qui aurait bien réglé le problème de l’Education national. Pour finir, Macron s’est attaqué aux jeunes, il leur a diminué de 5 euros leur allocation pour le logement, et aux vieux retraités, 100 euros de moins sur leurs maigre retraites et ainsi de suite…

L’homme providentiel

Le premier jour du ramadan, en tant que musulmans, nous étions tous émus, quand nous avions découvert le discours de Justin Trudeau pour les musulmans du Canada, sur les réseaux sociaux. Il avait déclaré :

« Ce soir, au coucher du soleil, les musulmans au Canada et à travers le monde célébreront le début du Ramadan. Au cours du prochain mois, familles et amis se réuniront à la mosquée ou à la maison et jeûneront pendant la journée. Lors du coucher du soleil, ils rompront le jeûne avec l’iftar et prieront ensemble. Le Ramadan est un moment de prières et de contemplation spirituelle, ainsi qu’une occasion de réfléchir à des valeurs comme la compassion, la gratitude et la générosité. Le Ramadan nous demande d’en faire plus pour mettre ces valeurs en pratique, d’apprécier tout ce que nous avons et de donner généreusement aux autres dans nos communautés et à travers le monde. »

Il a rajouté : « Le Ramadan est une occasion de célébrer les communautés musulmanes du Canada, et de souligner les contributions importantes qu’apportent tous les jours les Canadiens musulmans à notre pays. »

Les chiens n’accouchent pas des chats, Justin Trudeau est le fils de Pierre Trudeau, homme de lettres, avocat, journaliste, enseignant, et ancien premier ministre du Canada. Le fils a hérité du père son humanisme, son altruisme et ses valeurs. Il est conscient que le conservatisme entraine toute société vers l’obscurantisme et l’isolement. Il a fait du Canada une vraie terre d’accueil, sa famille politique, le Pati Libéral, porte bien son nom. Un parti qui prône la liberté pour chaque citoyen sans discrimination. Justin Trudeau a sillonné le monde quand il était jeune, que ce soit avec son père qui lui a fait connaitre tous les grands de ce monde et avec ses copains d’école avec qui il a voyagé en Afrique et en Asie. Après l’obtention d’un baccalauréat en littérature anglaise de l’Université McGill (1994) et d’un baccalauréat en éducation de l’Université de la Colombie-Britannique (1998), il effectue de nombreux petits boulots dont celui de videur de boîte de nuit. L’année 1998 est marquée par un drame familial, le décès de son plus jeune frère Michel, emporté par une avalanche.

Politique d’immigration

Apôtre du multiculturalisme et ouvert sur les autres cultures. Mais elle a été malmenée par les politiques menées par les Conservateurs. Stephen Harper avait, par exemple, décidé de supprimer les soins de santé offerts aux réfugiés quand ils arrivaient au pays. Justin Trudeau vient de les rétablir.

Il vient aussi d’accueillir quelque 25 000 réfugiés syriens, c’était l’une de ses promesses électorales, alors que ces réfugiés entraient au compte-goutte sous le gouvernement Harper. Changement notoire d’attitude et de politique en la matière.

Politiques en faveur de la classe moyenne

Les gouvernements dirigés par Stephen Harper ont poursuivi obstinément un objectif durant presque 10 ans au pouvoir : atteindre l’équilibre au niveau des finances publiques : le fameux « déficit zéro ». Cela s’est traduit par des compressions majeures dans les dépenses publiques, des réductions drastiques dans les programmes sociaux, et toutes sortes de politiques visant à désengager l’État dans l’économie et la société.

Le gouvernement Trudeau prend le contre-pied de ces politiques en annonçant la mise en place d’un vaste programme d’infrastructures dans lequel seront investis 120 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années, des investissements pour améliorer les transports collectifs, les routes, les ports et surtout relancer l’économie.

Le Premier ministre réinvestit aussi dans les programmes sociaux. Il met en place de nouvelles allocations familiales établies en fonction des revenus des parents afin de permettre aux moins nantis d’avoir plus d’argent à la fin du mois et à la classe moyenne de souffler davantage. Les programmes d’allocations familiales des Conservateurs étaient universels, autrement dit une famille aisée touchait le même montant qu’une famille pauvre. Et l’un de ces programmes était imposable. Les nouvelles allocations familiales ne le seront pas. L’Agence du revenu du Canada estime que 9 familles canadiennes sur 10 vont bénéficier de ce nouveau programme qui leur donneront, en moyenne, 2300$ de plus par an. La mesure devrait aussi, selon le gouvernement, aider 30 000 enfants à sortir de la pauvreté, l’une des priorités du Premier ministre.

La lutte contre les changements climatiques

L’autre priorité, c’est la lutte contre les changements climatiques, un domaine dans lequel les gouvernements conservateurs précédents faisaient figure de très mauvais élèves sur la scène internationale – c’est sous le règne de Stephen Harper que le Canada s’est retiré, en 2012, du protocole de Kyoto. Les Conservateurs ont également promu activement l’exploitation du pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta, dont les effets dévastateurs sur les émissions de gaz à effet de serre ne sont plus à démontrer.

Les émissions de gaz à effet de serre

Les Libéraux de Justin Trudeau sont arrivés à la Conférence de Paris sur les changements climatiques avec la volonté de redonner au Canada ses lettres de noblesse en matière environnementale. Le Canada s’est donné comme objectif de réduire de 30% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030.

Mais le gouvernement fédéral n’a pas réussi à s’entendre avec les 10 provinces et trois territoires canadiens pour adopter une politique commune afin d’atteindre cet objectif. Ils ont, par contre, convenu de se revoir l’automne prochain afin de refaire le point sur ce plan de lutte commun et quatre groupes de travail ont été mis en place.

Malgré tout, le changement de discours du gouvernement canadien en matière environnemental est notoire. Et pas juste sur le plan écologique. Le bateau canadien vient de changer de cap, ni plus ni moins.

« La démocratie a toutefois besoin, pour s’épanouir, d’un climat d’honnêteté. Mais l’honnêteté suppose la liberté de choix, que la terreur nie. » Pierre Elliott Trudeau

Verra-t-on un jour en France, un chef d’Etat à l’image de Justin Trudeau ? Il y a eu dans le passé un Président noir à la Maison blanche, chose inimaginable !

Dans la vie, il faut exiger l’impossible !

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, page 5, Vol. XVI, N° 06, Juin 2018

 

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