Les institutions qui avaient ringardisé l’extrême droite il y a une trentaine d’années ont été dissoutes par la montée fulgurante du capitalisme et de la mondialisation. Et maintenant impuissants, on assiste à l’ascension  de l’extrême droite dans plusieurs pays de l’Europe et du reste du monde

Certes, le Québec ne peut-être comparé, ni de prêt ni de loin, à ces pays en portant François Legault au pouvoir !. Mais celui-ci compte interdire le port de signes religieux ostentatoires chez les gens en « position d’autorité », quitte , avait-il déclaré, à recourir à la clause dérogatoire au besoin. Ce qui ne manque  pas d’inquiéter la minorité musulmane du Québec qui ne voit en ces mesures que la partie visible de l’iceberg..

François Legault

Ancien président-directeur-général et co-fondateur d’Air Transat, François Legault s’cria «Aujourd’hui, on a marqué l’histoire» après la nette victoire de la Coalition Avenir Québec (CAQ) aux élections législatives québécoises au début de ce mois d’octobre 2018.

Nationaliste modéré, l’ex-homme d’affaires remplace Philippe Couillard et devient le Premier ministre désigné de la province .

Travailleur infatigable, rassembleur, fidèle en amitié mais impitoyable en affaires, orgueilleux… Le portrait qu’en dressent ses collaborateurs est mitigé. Issu d’un milieu modeste, comptable de formation, François Legault a cofondé la compagnie aérienne Air Transat en 1986. Il en claque la porte une dizaine d’années plus tard, revend ses parts et devient millionnaire à moins de 40 ans.

La CAQ

Comme on peut le lire sur le site « Le Soleil » (le 23 Août 2018), qui rapporte le témoignage de M. Gaudreault, c’est lui qui souligne : «On savait déjà que la CAQ était le parti d’un seul homme, de François Legault. Là, maintenant, elle fait la démonstration qu’elle est un parti de droite populiste : les caquistes sautent sur tout ce qui bouge. Ils font des sorties avec des solutions simplistes. C’est du populisme. Il ne faut pas se gêner pour le dire.»

Sylvain Gaudreault fait référence à la sortie tout récemment de la caquiste Nathalie Roy, qui a déclaré qu’il faut bannir le port du burkini au Québec. Elle a reçu le soutien de son chef François Legault.

La CAQ est de droite parce qu’elle ne croit pas à l’État, rebondit Sylvain Gaudreault. «Ils ont ouvert la porte à la privatisation de la Société des alcools du Québec», s’indigne-t-il en fournissant «cet exemple parmi d’autres».

Les élections au Québec vues de France

Comme on peut le lire dans le journal  « Libération » du 2 octobre 2018, « Les Québécois ont porté pour la première fois au pouvoir le 1ier octobre 2018 la Coalition Avenir Québec, un parti nationaliste non indépendantiste qui souhaite réduire la taille de l’État et l’immigration, tournant la page de près de 15 ans de gouvernement libéral quasi ininterrompu.

Le Québec tourne la page libérale et élit un gouvernement nationaliste 

Toujours d’après « Libération » :  «Aujourd’hui il y a beaucoup de Québécois qui ont mis de côté un débat qui nous a divisés pendant 50 ans». Pour la première fois depuis des décennies, la question de l’indépendance du Québec ne constituait pas un enjeu des élections provinciales québécoises. Et le nouveau Premier ministre, François Legault, est un nationaliste qui a cessé d’être indépendantiste en cofondant le parti Coalition Avenir Québec (CAQ).

Cet homme d’affaires multimillionnaire a promis «un esprit de rassemblement, pour gouverner pour tous les Québécois», et a dit vouloir «travailler pour un Québec fort au sein du Canada».

La CAQ disposera de la majorité absolue à l’Assemblée nationale québécoise, avec 74 députés sur 125. Tout un exploit quand on voit que dans le précédent Parlement, dissous fin août, elle ne comptait que 21 sièges.

Le Premier ministre sortant, le libéral Philippe Couillard, a rapidement concédé sa défaite et souhaité à Legault «tout le succès», depuis son fief  électoral.

Il s’agit d’un nouveau coup dur pour les Libéraux, la famille politique du Premier ministre fédéral Justin Trudeau. En juin ils avaient perdu l’Ontario, province la plus riche et la plus peuplée, au profit d’une autre formation conservatrice.

Le Canada organise des élections législatives dans un an, et le scrutin s’annonce incertain pour Trudeau, dans un contexte de montée du nationalisme.

20% d’immigrés en moins

Entre prospérité économique et quasi-plein emploi, la campagne électorale n’a guère passionné les 8,4 millions d’habitants de la Belle Province. La participation a été d’environ 67%, contre 71% en 2014 et 74% en 2012.

Pour la première fois en plus de 30 ans, la question de l’indépendance du Québec ne constituait pas un enjeu. Les partis favorables au fédéralisme canadien ont totalisé plus de 63% des suffrages.

La CAQ, qu’il a cofondée, promettait aux Québécois le «changement», la fermeté sur l’immigration, dont il veut réduire les seuils pour mieux intégrer les nouveaux arrivants, et une meilleure gestion des finances publiques.

François Legault avait annoncé en campagne électorale vouloir, dès 2019, réduire de plus de 20% le nombre d’immigrants admis au Québec chaque année.

La Chambre de commerce de Montréal, la métropole du Québec qui concentre la moitié de la population et la majorité des immigrés, l’a exhorté dès l’annonce des résultats à «tenir compte de la nécessité d’élargir le bassin de main-d’œuvre qualifiée», alors que 100 000 emplois ne sont pas pourvus dans la province francophone, faute de candidats adéquats.

Marine Lepen rabrouée

Ce 1er octobre 2018,  le CAQ, disposera de la majorité absolue à l’Assemblée nationale québécoise. La nouvelle a suscité quelques réactions de l’autre côté de l’Atlantique, à commencer par celle de Marine Le Pen, président du Rassemblement National (ex-FN).

« Contrairement à ce que serinaient les libéraux immigrationnistes béats, les Québécois ont voté pour moins d’immigration. La lucidité et la fermeté face au défi migratoire est le point commun des élections de quasiment tous les pays du monde confrontés à cet enjeu », a-t-elle déclaré sur son compte Twitter.

Comme l’a rapporté Le Parisien, « François Legault avait annoncé en campagne électorale vouloir, dès 2019, réduire de plus de 20 % le nombre d’immigrants admis au Québec chaque année ». « Cet engagement a été maintenu par le chef caquiste, le 2 octobre, au cours d’un premier point de presse officiel en tant que premier ministre désigné », a affirmé TVA Nouvelles.

La CAQ a réagi aux commentaires de la chef du parti de l’extrême-droite française. « Le gouvernement élu de la CAQ rejette du revers de la main toute association avec Mme Le Pen, sa formation politique et sa vision de l’immigration », a indiqué un porte-parole du CAQ. Rappelons qu’en 2016, Marine Le Pen avait déjà essayé de rencontrer François Legault pour « une rencontre informelle discrète ». L’équipe du Front national avait échangé des courriels avec la Coalition avenir Québec et obtenu un entretien au téléphone avec sa directrice générale, mais s’était finalement vu refuser une rencontre avec François Legault à cause d’un problème « d’agenda », selon des courriels obtenus par Radio-Canada.

Espérons que les Québécois s’apercevront dans les années à venir que les partis extrêmes qui bâtissent leurs fonds de commerce sur le dos de  l’immigration, n’ont aucun programme sérieux politiquement et économiquement parlant. Marine Le Pen en final des élections présidentielles françaises, il y a un an, face à Emmanuel Macron en a fait une amère expérience. Pendant, le débat face à Macron, une grande partie de la France, s’est rendu compte qu’elle a voté au premier tour pour une candidate incompétente, qui ne connaît pas ses dossiers, et qui bafouille chaque fois qu’on lui pose une question.

Emmanuel Macron a été élu, et son parti a dynamité tous les autres partis existants, y compris la droite et la gauche. Et depuis, il y a de moins en moins de personnalité politique pour stigmatiser les immigrés.

Le langage politique est conçu pour que les mensonges paraissent vrais et les meurtres respectables, et pour donner à du vent l’apparence de la solidité. Georges Orwell

Par Mustapha Bouhaddar, pour Maghreb Canada Express,, page 12, Vol. XVI, N° 10, Octobre-Novembre 2018.

Pour lire  l’édition d’Octobre-Novembre 2018, cliquer sur l’image:

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