«La femme n’est victime d’aucune mystérieuse fatalité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux. »… Simone de Beauvoir

Il y a 29 ans, le 6 décembre 1989, le tireur Marc Lépine s’est introduit dans l’École polytechnique de Montréal, tuant 14 étudiantes avant de s’enlever la vie.

« J’haïs les féministes! Vous êtes une bande de féministes! » C’est ce qu’a crié le meurtrier Marc Lépine en tirant à bout portant sur ces jeunes femmes. Il s’est ensuite suicidé.

29 ans plus tard, que reste-t-il ?

Les Nations Unies définissent la violence à l’égard des femmes comme “tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvoir causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée.” (Déclaration sur l’élimination de la violence contre les femmes, Résolution 48/104 de l’Assemblée générale de l’ONU).

La violence contre les femmes et les filles est omniprésente, prend plusieurs formes et touche toutes les sociétés. Cette violence est l’une des formes de violation les plus systématiques et les plus répandues des droits de l’homme. Elle est ancrée dans des structures sociales sexistes plutôt que dans des actes individuels et isolés; cette violence touche toutes les femmes, indépendamment de leur âge, statut socio-économique, niveau d’éducation, région du monde, origine ethnique, religion; elle se manifeste dans toutes les sociétés et constitue un obstacle majeur à l’élimination des inégalités entre les sexes et de la discrimination à l’égard des femmes dans le monde. (Assemblée générale de l’ONU 2006).

La violence à l’égard des femmes se manifeste sous de multiples formes, y compris des formes qui sont particulières à des conditions, pays et régions données. Elle revêt des aspects physique, sexuel, affectif et économique. Les formes de violence les plus répandues sont la violence familiale et la violence perpétrée par un partenaire intime, la violence sexuelle (y compris le viol), le harcèlement sexuel et la violence affective ou psychologique. Le recours à la violence sexuelle comme arme de guerre et comme conséquence des situations d’urgence est également répandu dans les pays et les régions touchés par les conflits.

D’autres formes répandues de violence à l’égard des femmes dans le monde incluent l’exploitation sexuelle, la traite des femmes et les pratiques nuisibles, telles que les mutilations/excisions génitales féminines, le mariage forcé et le mariage précoce.

Des formes moins connues de violence à l’égard des femmes comprennent:

  • Les crimes “d’honneur”;
  • Le feminicide;
  • La sélection du fœtus en fonction du sexe;
  • L’infanticide des filles;
  • L’exploitation économique;
  • La violence politique;
  • La violence perpétrée contre les femmes âgées;
  • La violence sexuelle liée à la dot;
  • L’agression au vitriol.

Certains groupes de femmes, notamment les femmes appartenant à des minorités raciales, ethniques et sexuelles, les femmes séropositives HIV, les femmes migrantes et sans papiers, les femmes handicapées, les femmes détenues et les femmes victimes des conflits armés ou dans des situations d’urgence, sont particulièrement vulnérables à la violence et peuvent subir des formes multiples de violence en raison des effets conjugués de la discrimination et de l’exclusion socio-économique.

Les responsables de violence à l’égard des femmes peuvent inclure les États et leurs agents, les membres des familles (y compris les maris), les amis, les partenaires intimes et d’autres proches, et des étrangers. (Assemblée générale de l’ONU, 2006).

Au Canada et selon les données policières, un peu plus de 173 600 femmes de 15 ans et plus ont été victimes d’un crime violent en 2011, soit 1 207 victimes par tranche de 100 000 Canadiennes.

Ce taux est légèrement plus élevé que celui des crimes violents contre les hommes.

Même si les hommes et les femmes sont victimes de violence dans des proportions quasi égales, il y a des types de violence qui touchent plus particulièrement les femmes.

Par exemple, selon les données déclarées par la police, les femmes risquent 11 fois plus que les hommes d’être victimes d’une agression sexuelle et trois fois plus d’être harcelées criminellement.

Quelques faits saillants :

  • 35% des femmes dans le monde ont subi de la violence physique ou sexuelle à un moment de leur vie. La plupart de ces actes proviennent du partenaire intime. (ONU Femmes, 2017)
  • 750 millions de femmes et de filles ont été forcées au mariage avant l’âge de 18 ans. (UNICEF, 2017)
  • 120 millions de filles (plus de 1 sur 10) ont vécu des rapports sexuels forcés. (UNICEF, 2014)
  • Dans plus de 30 pays, au moins 200 millions de femmes ont subi une mutilation génitale. La plupart avait moins de 5 ans au moment de la mutilation. (UNICEF 2016)
  • Les conflits exacerbent les risques de violence contre les femmes : Au Mali, en 2015, 1468 cas ont été enregistrés, notamment des viols, agressions physiques et mariages précoces. Au Burundi, 59% de femmes d’un échantillon de 11 831 ont déclaré avoir été victimes d’un viol pendant la période du conflit (1993-2008).
    (COCAFEM/GL, 2011).

Le Fonds des Nations Unies pour la population, pour qui, à l’échelle mondiale, la violence faite aux femmes constitue un obstacle à l’atteinte de l’égalité des femmes :

« La violence sexiste est peut -être la violation des droits humains la plus répandue et la plus tolérée par la société. … Elle reflète et en même temps renforce les inégalités entre hommes et femmes et compromet la santé, la dignité, la sécurité et l’autonomie des victimes ».

Histoire mondiale du  féminisme

Depuis les révolutions de la fin du XVIIIe siècle se pose la question des droits, de la citoyenneté et de l’émancipation des femmes. Nés dans un contexte occidental, des féminismes se sont implantés peu à peu sur tous les continents pour libérer la parole et l’action de la moitié de l’humanité, selon des modalités spécifiques de luttes politiques, nationales et anticoloniales.

Apparu au 19e siècle et attribué, à tort semble-t-il, à la pensée utopique de Fourier, on le trouve sous la plume d’Alexandre Dumas fils en 1872, puis dans la plupart des textes et thèmes féministes après 1890 en France et à l’étranger. En fait, Dumas emprunte le mot au langage médical, qui fabrique ce néologisme, autour de 1870, à des fins nosographiques pour qualifier un arrêt de développement et un défaut de virilité chez des sujets masculins. On notera donc, non sans stupéfaction, que le vocabulaire politique s’empare du mot « féminisme » pour caractériser les femmes qui, revendiquant l’égalité avec les hommes, semblent vouloir leur ressembler, tandis que le vocabulaire médical a usé de ce terme pendant quelques décennies pour caractériser des hommes d’apparence féminine. Dans cette question de mots et de langage, le féminisme sert toujours à désigner l’autre, l’autre sexe, qu’il soit homme ou femme, comme étant susceptible d’abolir la différence sexuelle. Dans les deux registres, médical et politique, le féminisme est un cas limite où la différence sexuelle est menacée.

Le mouvement le plus connu de la première vague est celui des suffragettes, qui recherchent les mêmes droits civiques que les hommes sur le principe du suffrage universel. Néanmoins, il est simpliste de réduire la première vague féministe aux suffragettes : le féminisme de l’entre-deux-guerres est multiple, comme nous allons le voir.

Le mouvement des suffragettes constitue déjà un féminisme violent, dont les militantes vont jusqu’à molester certains parlementaires. En 1908 une répression s’organise contre elles. En 1913, Emily Davidson, militante féministe britannique, est brutalement tuée, ce qui fait changer l’opinion anglaise en faveur des féministes. En 1918 les femmes anglaises obtiennent le droit de vote. Pour la première fois, les problématiques du féminisme investissent le débat public.

Mis à part les suffragettes tournons-nous vers deux personnalités marquantes du féminisme de cette époque.

Celle d’Emma Goldman (1869-1940), anarchiste d’origine russe émigrée au États-Unis, qui milite pour l’égalité des sexes, la libre disposition de son corps, le contrôle des naissances, l’homosexualité, l’antimilitarisme, les luttes ouvrières et syndicales, la défense des chômeurs, et ce sans hiérarchie entre les luttes. Elle considère le droit de vote comme réformiste et critique les suffragistes-ettes. Elle insiste déjà sur l’importance de la mère dans la reproduction des rôles sociaux de la société patriarcale.

La personnalité de Madeleine Pelletier (1874-1939) est particulièrement intéressante. Activiste anarchiste dès 1906, c’est une féministe radicale, première femme médecin diplômée en psychiatrie en France. Elle est proche du mouvement néomalthusien (qui prône un contrôle radical des naissances) et considère que « c’est à la femme seulement de décider si et quand elle veut être mère ». Elle milite en faveur de l’avortement et la contraception. Elle est mise à l’écart du mouvement féministe car ses choix paraissent trop violents. Elle considère que l’hétérosexualité est liée au système d’oppression des femmes, s’habille en homme. Elle pratiquera des avortements pendant toute sa vie.

Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir (1908-1986), littératrice française, change les esprits dès sa parution en 1949 ; c’est une rupture, on dissocie alors la femme de la mère. Elle lance le « Manifeste des 343 » réclamant l’avortement libre et gratuit, elle cofonde le mouvement « Choisir », cofonde et préside la revue Nouvelles Questions Féministes. Elle écrit dans Le deuxième sexe la célèbre phrase « on ne naît pas femme, on le devient ». C’est une figure connue de féminisme matérialiste.

Le deuxième sexe et la création du Planning Familial (association qui promeut le droit des femmes – avortement et contraception – à ne pas confondre avec les centres de planning familial, institution étatique) en 1956 ne sont que la face visible d’une évolution sociale qui s’est faite en dehors du militantisme féministe, mais pas sans lui.

Le féminisme au Québec

L’une des premières mobilisations des femmes, au début du 20e siècle, concernait effectivement le droit de vote. Canadiennes anglaises et Québécoises francophones travaillèrent de concert à l’obtention du droit de vote pendant un moment au sein du « Montreal Local Council of Women ».

Pour des raisons religieuses et nationales, ces dernières finirent toute fois par quitter l’organisation et fonder la « Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste ».

Si le droit de vote fut gagné au fédéral en 1919, il n’était pas acquis au provincial.

En 1927, Idola St-Jean fonda l’Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec.

Deux (2) ans plus tard, la « Ligue des droits de la femme » voyait le jour grâce à Thérèse Casgrain.

Le 25 avril 1940, sous le gouvernement libéral d’Adélard Godbout, les Québécoises obtiennent le droit de vote et le droit d’éligibilité au provincial.

Pour la première fois, des femmes, Jessie Kathleen Fisher et Elizabeth Monk, siègent au Conseil municipal de la ville de Montréal.

La Charte de la ville sera amendée en 1941 pour donner à toutes les femmes le droit de vote et d’éligibilité.

En 1964, à l’instigation de Marie-Claire Kirkland-Casgrain (1924-2016), promulgation de la Loi 16 qui modifie les droits civils des femmes, met fin à l’incapacité juridique des femmes mariées et atténue la puissance maritale et l’autorité paternelle : les époux sont dorénavant considérés comme des partenaires dans la direction morale et matérielle de la famille.

Le rapport Parent prône une réforme du système d’éducation québécois qui facilitera l’accès des femmes aux études post-secondaires.

À partir de cette époque, la lutte féministe envahit la sphère politique, plusieurs féministes choisissant de s’y faire entendre : certaines sur la scène provinciale, comme Marie-Claire Kirkland-Casgrain (1924-2016), première Québécoise élue députée en 1961 et première femme à siéger au Conseil des ministres, Lise Payette (1931-2018), première ministre de la Condition féminine en 1979, ou Françoise David (née en 1948), porte-parole de Québec solidaire; d’autres sur la scène fédérale, comme Vivian Barbot (née en 1941), députée du Bloc québécois.

À partir du milieu des années 1960, divers groupes de pressions féministes virent à nouveau le jour. C’était le cas de la « Fédération des femmes du Québec » (FFQ) et de « L’Association féminine d’éducation et d’action sociale » (AFEAS), créées toutes deux en 1966. La première travaille à la défense des intérêts et des droits des femmes. Elle contribue à l’avancement des conditions de vie des femmes en revendiquant l’accès à l’égalité, à l’équité, à la dignité et à la justice, et ce, dans de nombreux domaines. L ’AFEAS œuvre également dans de nombreux dossiers, tels la santé, le travail non rémunéré, l ’implication des femmes en politique, les garderies et le sexisme. Ces groupes marquaient le retour du féminisme organisé. Par ailleurs, ils venaient donner une assise théorique aux groupes de femmes : ils effectuaient des enquêtes et des analyses et ils formalisaient leurs revendications.

Les revendications des femmes, à la fin des années soixante, portaient sur leur accès au marché du travail (et ce, même une fois mariée), sur le droit à l’instruction, sur la modification des lois au civil comme au criminel, et sur le droit à la participation politique. Bref, les femmes revendiquaient des réformes sociales.

En 1968, adoption par le parlement fédéral de la Loi sur le divorce qui autorise le mariage civil et le divorce : l’adultère n’est plus dorénavant le seul motif de divorce autorisé.

Fondation de l’association Droits égaux pour femmes amérindiennes (Equal Rights for Native Women) par la militante mohawk Mary Two-Axe Early, Mohawk de Kahnawake.

Retrait du Code criminel des articles de la loi interdisant la publicité et la vente de produits contraceptifs ou la diffusion d’informations à ce sujet.

En 1969, les Autochtones obtiennent le droit de vote au Québec.

En 1973, création du Conseil du statut de la femme par le gouvernement du Québec pour répondre aux pressions du mouvement des femmes. Laurette Champigny Robillard en sera la première présidente.

En 1974, une première femme, Claire L’Heureux-Dubé, est nommée juge à la Cour supérieure. Elle sera également la première femme à être nommée à la Cour d’appel du Québec (1979) et à la Cour suprême du Canada (1987).

En 1978, nomination pour la première fois au Québec d’une ministre d’État à la Condition féminine, et création, par cette dernière, d’un Secrétariat à la Condition féminine.

En 1980, proclamation de la loi 89 qui établit l’égalité entre les époux dans la gestion des biens de la famille et pour l’éducation des enfants : les femmes gardent leur nom au mariage, peuvent choisir leur lieu de résidence, sont conjointement responsables des dettes durant le mariage. La loi permet dorénavant la transmission du nom de la mère aux enfants.

En 1985, le climat politique changea au Québec. Avec l’arrivée au pouvoir des libéraux au provincial, et du gouvernement conservateur au fédéral (l’année précédente), c ’était l’entrée en force du néolibéralisme. La visibilité et les actions du mouvement des femmes en subirent les contrecoups. Le gouvernement libéral, par exemple, annula la seconde phase d’un sommet sur la situation économique des Québécoises. Ce faisant, la visibilité des revendications des femmes auprès de la population se fit moindre. Les actions entreprises par les groupes de femmes furent également compromises. Avec la nouvelle conjoncture de réduction de l’État et les coupures budgétaires, beaucoup de groupes de femmes prirent alors en charge les services offerts aux femmes. Ces groupes, cela dit, avaient peu de ressources. Le gouvernement souhaitait ne subventionner que ceux qui étaient rentables et qui, d ’autre part, répondaient aux objectifs étatiques, et non pas à ceux qu’ils avaient eux-mêmes identifiés. Les groupes de femmes adoptèrent alors des stratégies pour investir les lieux de pouvoir et créèrent des partenariats afin d’arriver à poursuivre leurs missions : ils se rassemblèrent autour de Tables régionales de concertation.

Depuis la seconde moitié des années 1980, la pensée féministe, au Québec comme ailleurs, s’est diversifiée. Les Québécoises, par exemple, furent notamment interpellées par les spécificités des expériences des femmes des communautés culturelles, des femmes autochtones et des femmes immigrantes alors qu’elles participaient aux conférences mondiales de l’ONU sur les femmes qui eurent lieu à Nairobi en 1985, et à Beijing en 1995. Le mouvement des femmes fut également inter pellé par les revendications spécifiques de divers groupes de femmes : des lesbiennes, des travailleuses du sexe, des femmes pauvres, etc.

Notons, par ailleurs, que c’est également à partir des années 1980 que les féministes universitaires publièrent, au Québec, de plus en plus d’études concernant les conditions de vie des femmes et les rapports sociaux de sexes.

En 1989, proclamation de la Loi du patrimoine familial qui prévoit le partage égal des biens familiaux entre époux à la dissolution du mariage, quel que soit le régime matrimonial.

Le 6 décembre, École Polytechnique : quatorze jeunes femmes sont abattues par un tueur enragé qui dit vouloir se venger des féministes

1991, l’avortement devient un droit protégé par la Charte après plus de 20 ans de lutte
Dans les années 1970, les féministes radicales ont osé revendiquer le droit total à l’avortement, et non seulement pour des raisons de santé, comme l’avait permis le « bill omnibus » de 1969 au fédéral.

En 1995, quelque 800 femmes parcoururent, lors de la « Marche du pain et des roses », 200 km à travers le Québec pour arriver devant l ’Assemblée nationale, le 4 juin, où près de 20 000 personnes les accueillirent avec des milliers de roses. Neuf (9) revendications contre la pauvreté étaient portées par ces femmes. Puis, il y eut la « Marche mondiale » en l’an 2000, où près de 40 000 femmes ont manifesté au Québec contre la pauvreté et la violence faite aux femmes. À l’appel des féministes québécoises, de nombreuses femmes se mobilisèrent dans 160 pays du monde.

En 1996, suivant une demande des féministes de la Marche Du pain et des roses, le gouvernement du Parti québécois fait adopter une Loi sur l’équité salariale. Celle-ci oblige les entreprises privées ou publiques de 10 employés et plus à corriger les écarts salariaux entre les hommes et les femmes occupant des emplois similaires.

En 1999, nomination de Juanita Westmoreland-Traoré, première juge noire à la Cour du Québec.

En 2012, première femme chef d’un parti politique au Québec en 2007, Pauline Marois devient, lors des élections de 2012, la première femme à diriger le gouvernement du Québec.

2012 Idle No More Loin d’être la première lutte menée par les femmes autochtones, elle est néanmoins la plus médiatisée. Lancé dans l’Ouest canadien par quatre femmes (Nina Wilson, Sylvia McAdam, Jessica Gordon et Sheelah McLean) et repris au Québec par Widia Larivière et Melissa Mollen Dupuis, le mouvement réussit à attirer l’attention des médias et d’une partie importante de la population sur les conditions des communautés autochtones du pays.

En 2015 #AgressionNonDénoncée : Dans la foulée du scandale entourant l’animateur de radio Jian Ghomeshi, des millions de victimes d’agressions sexuelles à travers le monde brisent le silence sur les médias sociaux avec le mot-clic #BeenRapedNeverReported (J’ai été violée, je ne l’ai jamais dénoncé). Le mouvement en français #AgressionNonDénoncée, porté par plusieurs groupements du Québec, prend lui aussi une ampleur sans précédent.

En 2017, Alyssa Milano lance #MeToo. Lorsqu’à la suite des révélations sur Harvey Weinstein, l’actrice, ex-star de la série Charmed, encourage les victimes de violences sexuelles à envoyer leurs témoignages accompagnés de #MeToo (Moi aussi), elle espère un effet … mais pas un effet d’une telle ampleur…Sur Facebook, le hashtag est partagé dans plus de 12 millions de messages et de réactions dans les premières vingt-quatre heures.

Alors que #MeToo devient une prise de conscience planétaire sur l’omniprésence des violences ou des agressions sexuelles, de l’enfance à l’âge adulte. De nombreuses femmes appellent à ouvrir le débat sur les enjeux politiques, éducatifs, judiciaires de ce fait social et remettent en avant le combat d’activistes, comme Tarana Burke, qui sont au front depuis des années.

Des acquis durement gagnés.

Les acquis, durement gagnés par les femmes, sont aujourd’hui nombreux. Cependant, un bout de chemin reste à faire afin d’obtenir une véritable égalité de fait entre les hommes et les femmes. Car si les femmes ont acquis, selon la loi, un statut égalitaire aux hommes, il n’en demeure pas moins qu’en pratique, cela ne se vérifie pas toujours : les femmes gagnent, en moyenne, un salaire moins élevé que les hommes, et plusieurs d’entre elles n’arrivent pas à faire carrière dans les milieux traditionnellement masculins.

Elles sont toujours davantage responsables de l’éducation des enfants et des travaux domestiques, et plusieurs sont toujours victimes de violence conjugale, etc.

Afin d’améliorer la condition de vie des femmes, des femmes et des groupes de femmes continuent de manifester et de faire entendre leurs revendications. Cela a donné lieu à des actions de grande d’envergure.

Aujourd’hui, le mouvement féministe est encore bien présent au Québec. Il défend les droits des femmes et combat les stéréotypes, particulièrement ceux véhiculés dans les médias et dans le monde du travail. Il doit toutefois composer avec deux nouvelles réalités : d’une part, un mouvement de balancier qui a vu se développer une idéologie qui considère le féminisme comme dépassé et nuisible, d’autre part, la montée du masculinisme, un mouvement pour la défense des droits des hommes..

Par  Nasser Bensefia pour Maghreb Canada Express,, pages 12 à 14, Vol. XVI, N°12 , Décembre 2018.

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