Il porte la même coupe de cheveux que Trump qui le soutient; en France Marine Le PEN ne tarit pas d’éloges sur lui. C’est lui qui a instauré le Brexit et mis les Anglais dans la panade. Il revient sur la scène nationale et internationale en devenant premier ministre.

Chargé par la reine Elizabeth II de former son gouvernement, le nouveau chef de l’exécutif anglais aura pour principale mission de mener le Brexit à son terme.

C’est le jour de la consécration pour Boris Johnson à qui la Première ministre conservatrice Theresa May a passé mercredi 24 juillet le relais du pouvoir, et de l’inextricable dossier de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le trublion du Parti conservateur anglais a été reçu au Palais de Buckingham, à Londres, par la reine Elizabeth II qui lui a officiellement confié la tâche de former le nouveau gouvernement britannique, avec pour mission de faire aboutir le Brexit.

Sur le chemin de Buckingham Palace, des militants écologistes de Greenpeace ont formé une chaîne humaine et ont brièvement bloqué sa voiture. L’ancien maire de Londres est finalement parvenu au palais, reçu par Sa Majesté qui a fait de lui son 14ème chef de gouvernement.

Il voit la sortie de l’UE comme une « énorme opportunité économique

Le nouveau Premier ministre britannique n’a pas hésité à critiquer son prédécesseur Theresa May, en estimant qu’elle avait traité le Brexit comme un « évènement climatique hostile ».

Un optimisme à toute épreuve. Boris Johnson a affirmé, le 27 juillet, que le Brexit représentait une « énorme opportunité économique ». Le nouveau Premier ministre britannique a fait cette déclaration en dévoilant ses priorités en matière de santé, éducation et infrastructures.

« Quitter l’Union européenne est une énorme opportunité économique pour faire des choses que nous n’avons jamais été autorisés à faire pendant des décennies », a déclaré Boris Johnson.

La ligne rouge du « back stop »

Interrogé sur les négociations liées au Brexit, Boris Johnson a dit qu’il était prêt à s’engager avec les partenaires de l’UE, mais seulement si le « back stop » – clause de sauvegarde qui permettrait d’éviter en dernier recours le retour d’une frontière physique entre l’Irlande, membre de l’UE, et l’Irlande du nord, britannique – était retiré de l’accord de divorce en vigueur conclu par Theresa May.

« L’approche du gouvernement du Royaume-Uni n’est pas de se désengager, ni d’être distant, ni d’attendre qu’ils viennent à nous, nous allons essayer de résoudre ce problème », a ajouté le Premier ministre. « Nous ne pouvons pas le faire tant que ce back stop anti-démocratique, qui cherche à diviser notre pays, diviser le Royaume-Uni, reste en place. Nous avons besoin de le supprimer et ensuite, nous pourrons avancer », a-t-il encore affirmé.

Invité par Emmanuel Macron

Emmanuel Macron invite Boris Johnson à une visite en France « dans les toutes prochaines semaines ». Il s’est entrenu avec lui pour la première fois au téléphone, le  25 juillet, dans la soirée. Depuis le fort de Brégançon où il passe ses vacances, Emmanuel Macron a « félicité Monsieur Johnson pour sa nomination » et « s’est réjoui de leur coopération sur les sujets bilatéraux, européens et internationaux ».

Une campagne fondée sur le mensonge

Boris Johnson hérite d’une crise politique sans précédent autour de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et devra réussir là où Theresa May a échoué. Autre dossier brûlant sur bureau : la crise diplomatique avec l’Iran après l’arraisonnement  d’un pétrolier britannique par la République islamique

Une campagne durant laquelle il avait été accusé d’avoir menti aux électeurs en disant que le Royaume-Uni versait 350 millions de livres (400 millions d’euros) par semaine à Bruxelles, montant qui selon les pro-Brexit aurait pu servir à financer le NHS, le système de santé britannique. L’affirmation placardée sur le bus de campagne de Boris Johnson avait circulé à travers tout le pays. Mais en réalité ce chiffre ne tenait pas compte d’un rabais négocié par Margaret Thatcher en 1984, ni des 5 milliards par an qui revenaient sous forme d’aides européennes.

Un responsable politique sulfureux

Avec ses cheveux blonds en pétard et son tempérament excentrique, Boris Johnson a parfois été considéré comme le Donald Trump britannique. À l’instar de son homologue américain, il s’est souvent distingué par ses saillies tapageuses. Illustration récente lorsque le Daily Mail a révélé fin juin que durant un documentaire tourné par la BBC en 2018, l’ancien ministre des Affaires étrangères avait qualifié de « cons » les Français sur le dossier du Brexit. Le journal indiquait alors que l’insulte avait été coupée au montage.

Une gaffe qui n’est que l’une des nombreuses collectionnées par Boris Johnson tout au long de sa carrière politique. En 2002, il avait fait scandale dans une tribune pour le Daily Telegraph en employant le terme raciste de « négrillon » pour désigner des enfants congolais, ajoutant que les chefs tribaux avaient des « sourires de pastèques ».

En 2015, il avait déclaré au Sun que les djihadistes étaient « des branleurs qui pratiquent la masturbation intensive », une semaine après avoir posé en costume sur le sol, AK47 à la main, aux côtés des peshmergas au Kurdistan irakien. Il s’était aussi trouvé au cœur d’une vive polémique à l’été 2018 en comparant les femmes en burqa « à des boîtes aux lettres » et à des « braqueurs de banque ».

 Avec Boris Johnson l’Angleterre rejoint le clan des chefs d’Etat racistes et fasciste, Trump, Matteo Salvini, et compagnie.

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express, page 11, Vol. XVII, N°8 , AOUT 2019

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